Avril au jardin

Libre cours à l’imaginaire

Je n’écris qu’un peu tard cette lettre car j’ai passé nos toutes dernières journées au jardin dans le flow du temps qui s’offre, légère dans la nature qui pousse et verdit partout, libre de mes mouvements, de mes envies, le regard émerveillé de redécouvertes, des directions à prendre, des perspectives avec des envies, ici tailler, là arracher, ailleurs désherber, plus tard planter, regarder encore et encore ce qui croit, qui métamorphose l’espace, qui prend place, qui se forme, qui éclôt en couleurs.

Ce que propose le printemps dans notre jardin me semble généreux et revitalisant en observant la profusion de tout ce qui pousse, s’ouvre, se déploie et grandit au sol et dans les arbres, ah! la vitalité de ces milliers de petites graines d’érable qui se sont disséminées partout …

Être là dans cette nature, voir et redessiner le jardin en me taillant un chemin dans les herbes.

Errer dans cet espace vivant plein de ressources qui me semble fait pour moi, en faisant surgir des envies de me mettre à l’ouvrage pour redessiner un passage, donner une forme à un arbuste, désencombrer un taillis, poser une pierre ou un pot… équilibrer, incliner, laisser faire aussi et savourer de faire partie de la nature simplement.

L’une de vous qui se reconnaîtra m’écrivait récemment quelque chose de doux qui résonne encore : « la vie va, le jardin évolue avec nous et la nature nous donne chaque jour des rappels. Il nous incite à être humble et flexible. Ma philosophie du jardin consiste à laisser faire tout en surveillant, ne dialoguant qu’avec les espèces qui s’y trouvent »

Cela me fait penser à l’Atelier, aux si prochaines séances de cette semaine dans lesquelles, peut être comme dans un jardin on peut se promener, flâner, vagabonder dans un monde d’objets, de supports, de matériaux et d’outils, de couleurs, de textures… en attente d’y rencontrer ce qui nous parle, nous dit, nous invite à dénouer nos rigidités, nous engage à donner libre cours à notre imagination, à construire notre monde interne, à jouer-créer librement avec le « trouvé », humbles et flexibles avec nos désirs.