« Un jour, lors d’un déjeuner, Sempé me disait qu’il n’avait pas d’idée pour son prochain dessin dans Paris-Match, je lui disais que dans ses dessins on reconnaissait la vie et que dans la vie réelle, on pouvait aussi trouver subrepticement des dessins de Sempé …
c’est comme ça que je lui ai suggéré une idée à partir d’un souvenir de mon ami Olivier Saladin »
- Lequel ?
- Lors d’une exposition Eugène Boudin au musée André Malraux du Havre, Olivier a entendu cette petite phrase dans une conversation entre deux petites dames, qu’il imaginait retraitées de l’éducation nationale, emmitouflées dans des manteaux devant toute une série de tableaux représentant des plages normandes, des vaches dans un pâturage près de la mer : « c’est beaucoup trop serein pour moi. » Je l’ai raconté à Sempé qui est parti dans un grand éclat de rire. Le lendemain il m’a appelé pour me dire qu’il allait reprendre cette idée pour son prochain dessin. »
Cette anecdote tirée d’une interview de François Morel dans le magazine LES ARTS DESSINÉS d’octobre-décembre 2025, numéro 32, me ravit en saisissant à quel point cette phrase amusante pouvait faire écho à l’univers cocasse et poétique de Sempé qui nous fait regarder la vie avec tendresse et intérêt dans ses dessins.
Je repense à cette expérience sensorielle qui m’arrive de temps à autre en regardant le paysage qui défile quand je roule en voiture :
Tout à coup, ce n’est plus l’horizon que je vois mais un tableau, il y a une une coïncidence qui se forme entre ma vision et l’image d’un tableau que je connais. C’est amusant, inattendu, savoureux à reconnaître mon lien avec cet artiste et ce que je vois confondus me laisse souvent un sentiment d’existence joyeux et reconnaissant comme un cadeau que je recevrais.
Est ce que l’art n’est pas là pour nous élever, nous révéler un point de vue plus haut, plus large, sur notre ordinaire ? Ne nous transporte-t-il pas dans une autre qualité de présence à soi-même où l’on peut s’offrir la liberté qui est en nous de percevoir une autre dimension dans la banalité du quotidien ?
Il fait bon s’offrir ces moments où le monde ordinaire se transforme.
À l’Atelier, c’est souvent le cas lorsque nous explorons nos ressources imaginaires dans les langages de la création en peignant, en modelant, en cousant, en collant, en construisant, en habitant l’instant comme on est, simplement, sans vouloir faire œuvre à tout prix mais plus justement en développant une attention douce et sensible à soi ainsi qu’à la trace, au modelé, aux teintes que l’outil qu’on a élu laisse sur un support .
Non, il ne s’agit pas de commencer une œuvre au sens d’un « monument » ni de s’emparer d’un projet de réalisation artistique ou de répondre à un sujet dans une école d’art, mais bien de prendre appui, le temps de la séance, sur les matériaux qui nous invitent à faire avec, jouer avec pour nous aventurer dans cette expérience vivante et osée car chaque fois nouvelle, de la création pour nous mêmes…
et profiter de l’instant, en choisissant simplement de revenir présent à sa propre vie, aux mouvements de son désir avec ces moyens d’expression dans les langages de la création pour improviser avec l’argile, la peinture, les tissus, les encres, les pastels, les crayons, les plumes, les papiers, les ciseaux, le bois, et tant d’autres choses et babioles qui remplissent les tiroirs et qui « nous tendent les bras » à l’Atelier (!)
Car à l’ Atelier, oui, c’est un fait : on développe cette autorisation à se rendre disponible à soi, à tout ce qui nous vient dans la séance ; on soutient cette hardiesse d’être nous-même pour faire vivre notre monde intérieur avec nos langages sensibles toujours à redécouvrir.
JEUDI 20 NOVEMBRE de 13H30 à 16H30
JEUDI 20 NOVEMBRE de 18H à 20H
VENDREDI 21 NOVEMBRE de 14H à 16H
VENDREDI 21 NOVEMBRE de 18H à 20H
À bientôt de vous rencontrer ou de vous retrouver 🌿