Dans un entretien, Elsa Triolet évoquait l’insuffisance qu’elle ressentait à l’égard du langage parlé ou écrit : « Il me manque des mots. J’ai l’impression qu’en général le langage humain est une chose très pauvre »…
« … Il y a énormément de choses que nous ne pouvons pas dire, que certains poètes peuvent parfois dire. Mais, en règle générale, toute la finesse des sentiments, des rapports entre les hommes, bute contre l’impossibilité de les exprimer vraiment.
Je pense que la peinture, comme la musique aussi parfois, peuvent élargir ce qui manque au langage. »
La qualité d’être, la qualité particulière de présence que nous ressentons à l’atelier pendant et après les temps de création et de parole vient peut-être de là, de ce soulagement de pouvoir exprimer quelque chose qui était jusque là indicible. Quelque chose dont on n’avait pas forcément connaissance et qui avait besoin d’autres médiums que les mots.
Ce quelque chose vient parfois clairement à notre conscience et d’autres fois non. Mais dans les deux cas ce quelque chose a été déposé et s’est animé à travers des couleurs, des crayons ou des peintures, des argiles, des tissus, des fils de fer ou toutes sortes d’autres matériaux ou objets.
Ce quelque chose est sorti de l’informe - que nous sentions où que nous ne pressentions même pas - pour se retrouver maintenant devant nous sous la forme, par exemple, d’un dessin. Devant nous mais aussi et surtout, maintenant qu’il a pris forme, avec nous, parmi nous, entre nous.
Et le fait qu’il soit passé du monde en nous au monde devant nous et entre nous, sous une forme bien visible, nous permet d’entretenir avec lui un autre type de relation. Souvent de façon apaisante ou même stimulante, joyeuse, mais pas toujours. Lorsque nous sommes très malheureux, exprimer ce qui est en nous et le découvrir ensuite sous une forme symbolique devant nous, n’est pas nécessairement un soulagement. Cela peut même être plus douloureux encore. Un peu comme quand on doit nettoyer une plaie, la mettre à jour. Il n’empêche que quelque chose s’est dit, par les langages plastiques, qui ne pouvait peut-être pas se dire autrement et qui avait besoin d’être sorti, d’être représenté, mis un peu plus à jour.
Représenté, c’est-à-dire présenté une nouvelle fois. Et pour cela il a fallu le retraverser. Parfois on a besoin de ça.
Et dans le groupe, le courage de cette retraversée et son intensité touche chacune et chacun dans la profondeur de son humanité avec cette dimension en plus, si essentielle et que nous avons tous : celle de notre intime aptitude à créer.
Partager notre humanité, dans toutes ses dimensions, du chagrin qui paraît sans fin à la réjouissance ou l’enthousiasme, au travers des couleurs et des formes, des matières, des volumes et des textures, c’est aussi cela que nous cultivons les un.e.s avec les autres, à l’atelier.
Mais ce que nous cultivons davantage encore, c’est précisément notre capacité toujours renouvelée à créer par notre expression.
Est-ce que partager cela, dans la douleur ou le bonheur, n’est pas particulièrement précieux ?
Voici dans le calendrier ce mois de Mars et les dates de notre semaine d’ateliers à l’Atelier des Prés :
Tarifs : 1 séance JEUDI, VENDREDI : 22€ mais 17€ si abonnement libre à 6 séances .
JEUDI 6 MARS de 14H à 16H
VENDREDI 7MARS de 14H à 16H
VENDREDI 7 MARS de 18H à 20H
Un site : guylafargue.art-cru.com pour redécouvrir l’œuvre foisonnante de Guy Lafargue, universitaire, érudit innovateur dans le domaine de la psychologie, révolutionnaire dans l’ art d’être au monde, de s’y exprimer dans sa singularité, sa pensée et ses réflexions à l’aulne de ses expériences professionnelles, collectionneur et conservateur d’oeuvres d’art singulier en attente de retrouver un lieu pour son musée de l’Art Cru, être vivant, unique, sensible, polymorphe, écrivain de l’intime et créateur subversif, concepteur innovant et humaniste des ateliers de l’Art Cru où je me suis formée passionnément à l’animation des ateliers d’expression créatrice.
Ses dernières oeuvres en céramique il y a peu sorties du four « les buissons ardents » impressionnent par la sensibilité d’une multitude de personnages issus d’un même socle, qui se manifestent chacun, semblent en relation ou bien isolés dans le groupe ; l’argile, aux couleurs de terre comme la peau, engendre des vies affectives animées qui s’expriment ouvertement, tour à tour vulnérables, paisibles, tourmentées, des vies ouvertes aux sentiments, aux émotions qui habitent et traversent leurs corps, à la vie relationnelle aussi, empathique et consolante pour les douleurs, les doutes qui donnent envie de tous les prendre dans les bras .
Buissons ardents. Numéro 19, Numéro 2, Numéro 17.
Chaque mois Guy Lafargue propose un week end d’expression créatrice dans son Atelier des 4 Vents de Saussignac en Dordogne et si ce n’était pas à l’autre bout de la France, nous y serions les premiers fidèles tant sa conduite des ateliers est généreuse, perspicace et ouvrante pour être soi dans la création !